Illégal, l'art urbain?
Howdy!
I just received the electronic version of the editorial written by François Cardinal in last Saturday's La Presse along with permission to post it here. I will attempt to translate it for the blokes in the blogosphere later in the day.
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La Presse
Forum, samedi 8 janvier 2005, p. A19
Éditorial
Illégal, l'art urbain?
François Cardinal
Les rues de Montréal ont été prises d'assaut. Bien accroché à la signalisation au sol, des fils barbelés, des hiboux, des prises de courant et des fermetures éclairs ont surgi de nulle part en pleine nuit, l'an dernier.
Mais si vous avez manqué ces images peintes sur la chaussée, il y a peu de chance que vous les croisiez un jour. D'abord parce que le passage des voitures, la neige et le sel s'affairent actuellement à les effacer. Et surtout parce que les policiers ont passé les menottes aux poignets de l'auteur de ces oeuvres d'art le 29 novembre dernier.
Malheureusement, les 53 chefs d'accusation auxquels fait face Peter Gibson, alias Roadsworth, pourraient carrément le jeter là où il sévit depuis maintenant trois ans, la rue.
La police a évidemment agi par devoir en arrêtant ce Montréalais d'adoption. Après tout, il a pris d'assaut la rue sans aucune permission. Si quiconque pouvait peinturer la voie publique à sa guise, le résultat pourrait être assez malheureux, merci.
Par contre, le Service de police de Montréal a déjà fait preuve d'une plus grande ouverture à l'endroit de l'art urbain. En 2001, les policiers avaient mis la main au collet de Maclean, cet artiste qui utilisait du ruban adhésif rouge pour cacher deux lettres sur les panneaux d'arrêt afin de faire ressortir le mot ART, puis ils l'avaient relâché avec une petite tape sur les doigts.
Pourquoi dans ce cas avoir utilisé une telle coercition avec Roadsworth? Il n'est pas question de destruction de la propriété publique. Il s'agit au contraire d'un embellissement de l'environnement urbain, d'une geste artistique posé dans une ville qui se targue justement de la place qu'occupe la culture dans ses rues.
Pourtant, l'artiste est aujourd'hui passible d'amendes de 265 000 $.
Tout cela est pour le moins exagéré. D'autant plus qu'aucun de ces dessins ne nuit à la sécurité publique. Il faut les voir pour constater à quel point ils se confondent à leur environnement. Mieux encore, certains renforcent la sécurité des piétons comme ces fils barbelés qui, peints de chaque côté d'un passage clouté, attirent l'attention des automobilistes.
Pourquoi permettre aux entreprises d'installer d'immenses affiches criardes en bordure de routes mais empêcher un artiste qui propose des interventions infiniment plus discrètes de peindre un coin de bitume?
Plutôt que de brimer le talent de cet artiste, Montréal devrait donner à Roadsworth toutes les permissions nécessaires pour poursuivre son oeuvre. Partout dans le monde, des villes tentent de trouver des moyens originaux pour se démarquer alors que Montréal se voit offrir sur un plateau d'argent la chance de le faire. Qu'attend-elle pour sauter sur l'occasion?
Peter Gibson ne mérite absolument pas d'aller en prison. Il ne mérite pas non plus ces amendes qui lui pendent au bout du nez. Tout au plus, les tribunaux devraient l'obliger à peindre le bitume montréalais en guise de travaux communautaires.
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